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Après-thèse, Après-thèse : privé et opérationnel

Valoriser les compétences des docteurs

ApresThese-CompetencesVitaeCes derniers mois, deux rapports sont parus sur les compétences des docteurs, thème dont on parle beaucoup à l’heure actuelle.

Parce que connaître ses compétences et savoir les valoriser peut être une aide précieuse lors d’un entretien d’embauche, vous trouverez joint à cet article un ensemble de rapports et articles parus ces dernières années sur les compétences des docteurs, produits par différents acteurs aussi bien chercheurs que consultants, optant pour des points de vue français aussi bien que internationaux.

Mais j’ai aussi souhaité questionner cette tendance : pourquoi cet engouement ? Et pourquoi maintenant ?

Valoriser le doctorat sur le marché du travail

Pourquoi chercher à préciser les compétences des docteurs et communiquer sur ce sujet ? On peut identifier deux raisons principales à cette dynamique.

D’une part, la faiblesse du doctorat sur le marché du travail français par rapport au diplôme d’ingénieur. Même si les mentalités commencent à changer (et les chiffres aussi, voir les résultats de la dernière étude Génération du Céreq), le doctorat souffre encore aujourd’hui de l’image de l’éternel étudiant qui ne souhaite pas rejoindre le monde du travail, et reste enfermé dans son laboratoire et ses bouquins. Face à la méconnaissance du doctorat par le privé, de nombreux acteurs cherchent depuis plusieurs années à revaloriser l’image du doctorat auprès du public, des politiques et des entreprises. Aussi bien en France, avec la Confédération des Jeunes Chercheurs ou encore l’Intelli’agence, qu’à l’international, avec par exemple Vitae au Royaume-Uni. Expliciter et mettre en valeur les compétences du docteur prend tout son sens dans cette entreprise.

Mais il faut aussi chercher l’explication de cet engouement pour la question chez les doctorants et jeunes docteurs. L’expérience du doctorat étant multiple, (expérience personnelle fondamentalement individuelle mais aussi expérience professionnelle et collective d’intégration dans un laboratoire, formation à la recherche et par la recherche), nombreux sont les doctorants qui peinent à identifier les compétences qu’ils acquièrent durant ces années de doctorat et à les mettre en valeur. Expliciter ces compétences donne alors des outils aux jeunes docteurs pour :

  • se mettre en valeur,
  • se positionner par rapport à un poste,
  • mais aussi s’affirmer et prendre confiance en soi en tant que docteur.

Réduire le fossé entre recherche et opérationnel…

Préparer une poursuite de carrière dans l’entreprise demande ainsi d’être capable de valoriser ses compétences mais aussi de maîtriser un vocabulaire qui est celui de l’entreprise. Plusieurs études tendent à montrer que la différence entre chercheur et opérationnel n’est pas aussi grande qu’on le croit. Elle réside essentiellement dans l’utilisation de vocabulaires différents pour désigner des compétences identiques. Ainsi, Sébastien Poulain, dans son étude sur la valorisation du doctorat) propose un ensemble de correspondances entre les désignations utilisées pour décrire les docteurs et leurs équivalents dans le privé. Par exemple, il propose de traduire « autonomie » par « gestion de projet, prise d’initiative, capacité de concrétisation » (p. 9).

concours-dessine-moi-un-docCliquez sur l’image pour l’agrandir.

Un grand merci à Tis pour cette illustration ! (Plus de dessins sur phdelirium.com)

… au risque d’en oublier les différences ?

Ce travail de valorisation est essentiel, de même que rapprocher compétences du chercheur et de l’opérationnel est indispensable. Pour sortir des clichés sur les doctorants, mais aussi pour renforcer les liens entre recherche / entreprise / société civile. Mais, il me semble néanmoins important de questionner ces travaux et cette tendance, comme nous le ferions avec n’importe quel travail de recherche que nous consultons ou réalisons, même si nous considérons qu’il fait avancer les choses.

Outre la question de la temporalité, ne peut-on pas néanmoins pointer des différences entre les usages des chercheurs et des opérationnels ? Prenons un exemple concret : la communication. Une des compétences des chercheurs généralement soulignée est leur habitude à communiquer sur leurs idées et leurs projets. En effet, la communication prend une place importante dans la recherche et son évaluation. Mais communication scientifique et communication en entreprise sont-elles vraiment identiques ? Ne peut-on pas relever des différences en termes de forme, de longueur, d’organisation ?

Identifier les différences entre les usages des uns et des autres, et surtout les manières de les dépasser, ne serait-il pas aussi un atout pour les jeunes docteurs, qu’ils veuillent poursuivre leur carrière dans le privé ou encore travailler en partenariat avec le privé ?

Des changements de terminologie représentatifs d’un nouveau fonctionnement de la recherche ?

D’autre part, ce rapprochement s’inscrit dans une période de transformation du fonctionnement de la recherche en France. Il est intéressant de noter que la valorisation des compétences des docteurs se fait souvent autour de la notion de projet. Ainsi, un jeune docteur « a mené à bout un projet de recherche, a su gérer des délais, des partenaires, a présenté les résultats du projet »… La spécialisation, les connaissances du jeune docteur ne sont plus mises en avant, bien au contraire.

Cette évolution n’est pas un mal : valoriser les compétences transversales des docteurs est indispensable. Néanmoins, ce changement de terminologie autour du doctorat semble révélateur d’évolutions plus globales, touchant l’ensemble de la recherche. La recherche sur projet semble devenir le mode de fonctionnement principal de la recherche académique (voir le rapport Les besoins en compétences dans les métiers de la recherche d’APEC/Deloitte Conseil). Discuter des avantages et des inconvénients de ces transformations n’est pas l’objet de cet article : comme tout changement, on peut en identifier aussi bien des aspects positifs que négatifs (les deux mis en valeur lors du Café de l’AT du 14/06/12). Mais, le lien entre changement de terminologie et transformation de la recherche me semble peu questionné. Pourtant, il est important de réfléchir à ce que ces termes et ces transformations impliquent et comment ils s’articulent, si nous voulons être des acteurs de cette évolution. Le doctorat et sa valorisation se seraient-il pas porteurs d’enjeux qui les dépassent ?

J’espère que cette ouverture, certes rapide, aura donné à certains l’envie d’échanger sur la recherche et ses transformations, comme sur les liens entre recherche académique / entreprise / société civile. Problématiques à approfondir lors de prochains articles ?

La question des compétences des docteurs vous intéresse ? Voici de la lecture :

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